Entreprises inspirantes en Province de Luxembourg
Après une première édition en avril, la collaboration entre le Forum LUXEMBOURG CREATIVE et les ADL de la Province de Luxembourg se poursuit dans un second volet.
Dans cette nouvelle lettre thématique qui sent bon l’été, six nouvelles entreprises sont mises à l’honneur afin de vous proposer des visions inspirantes de business models. Nous espérons que cette lecture révélera l’entrepreneur qui est en vous et vous permettra de booster vos motivations de création ou de développement entrepreneurial.
L'équipe LUXEMBOURG CREATIVE vous souhaite à tous un bel été. Nous nous réjouissons de vous retrouver à la rentrée pour, cette fois-ci, un nouveau thème !
D'ici-là, n'hésitez pas à consulter notre agenda de rencontres-conférences. Certains rendez-vous sont déjà programmés en août, septembre et octobre.
Christophe VangoethemGérant des « Ateliers Partagés » Intéressé par la culture depuis toujours, Christophe Vangoethem a réellement commencé à s’investir dans ce domaine via ses études : il a étudié la photographie, surtout pour en maîtriser le côté technique. Par la suite, sa carrière s’est un peu éloignée de sa passion car c’est dans le domaine de l’informatique qu’il a performé durant quelques années. Son passage à l’Espace Public Numérique de la bibliothèque de Neufchâteau, en tant qu’animateur, lui a donné l’envie de transmettre et d’organiser des activités culturelles. Mais c’est finalement son dernier emploi de salarié chez Réseaulux qui a été le déclencheur du démarrage des Ateliers Partagés. |
De la théorie au passage à l’action…
À l’époque où il travaillait chez Réseaulux, Christophe devait développer des scénarios qui avaient pour but de « réinventer la vie des habitants de la province de Luxembourg à un horizon de 15 ans, dans de nombreux domaines ». Dans le scénario dédié à la culture, peu s’étaient intéressés à ses recommandations. Mais convaincu par son travail, il a donc décidé d’appliquer lui-même les conclusions de son rapport. Elles avançaient que « si on veut développer la culture en milieu rural, il faut des lieux d’expression qui sont des tiers-lieux, c’est-à-dire, des espaces qui regroupent divers intérêts pour la culture en un même endroit car la province de Luxembourg n’est pas un territoire qui permet de se spécialiser dans un seul thème. De plus, il faut, par exemple, dynamiser la culture en proposant des lieux de création car ils ne sont pas assez nombreux et pas assez bien équipés ».
Christophe a validé cette dernière partie des conclusions de son scénario par sa propre expérience. Ayant suivi des cours de gravure à l’Académie des Beaux-Arts et adepte de la photographie, il a toujours été en recherche d’infrastructures qui n’existaient malheureusement pas ou étaient difficilement atteignables. Trouver un studio, une chambre noire pour la photographie ou bien encore une presse pour la gravure, ce n’est pas évident dans notre région. Un travail théorique et surtout pratique a donc initié chez lui l’idée et l’envie de regrouper du matériel dans un seul lieu pour le mutualiser. Afin de mettre en place le projet, il s’est fait coacher par Challenge. Grâce à cette expérience, il s’est rendu compte qu’il fallait être économiquement réaliste. En effet, son projet de base devait s’appuyer sur des activités plus rentables. Il a donc décidé d’offrir des services supplémentaires. C’est ainsi que son tiers-lieu culturel est aussi un établissement HoReCa puisqu’un bar permet de combiner le plaisir d’un verre et d’une découverte culturelle. On peut également y acheter des fournitures de très haute qualité afin de concrétiser ses expressions artistiques. Cette vente de matériel pour les arts graphiques (gravure, peinture, aquarelle, …) a aussi une extension en ligne puisqu’une boutique digitale doit voir le jour dans très peu de temps. Lors des congés scolaires, les enfants sont accueillis dans le cadre de stages. On peut également louer la salle pour bénéficier des infrastructures. Finalement, des ateliers de cocréation sont proposés aux sociétés dans le cadre de team building. Tous les évènements et activités à venir sont consultables sur son site.
Un objectif principal : adapter ce qui existe en milieu urbain et l’implanter en milieu rural
Si vous habitez en ville, il est assez aisé d’accéder à la culture. Au contraire, à la campagne, il y a moins d’accès. Or, proportionnellement, il y a certainement autant de personnes qui sont intéressées par ce domaine à Neufchâteau qu’à Namur, Liège ou Bruxelles. De plus, Christophe considère l’épanouissement culturel comme une nécessité publique : « j’aime la culture et je considère qu’elle devrait être remboursée comme les médicaments ». Conséquemment, ses Ateliers Partagés sont ouverts à tous : des enfants aux séniors, du privé à l’entreprise. D’ailleurs, Christophe veut atteindre tout le monde puisque l’offre proposée est panachée pour que chacun puisse s’y retrouver. Même ceux qui ne sont pas investis artistiquement jusqu’à présent. En effet, initier est également l’un des objectifs de la création de son entreprise. C’est ainsi qu’il a réussi à convaincre une centaine de personnes à s’essayer à la céramique lors d’un projet. Cela leur a permis de se rendre compte qu’ils sont capables de produire quelque chose d’artistique et d’en retirer un certain plaisir.
Pour entrer en contact avec tous ces publics, Christophe utilise évidemment les réseaux sociaux mais aussi son site Internet, des flyers et de l’affichage public. De plus, il veut aussi capitaliser sur les expériences positives. Ainsi, ils invitent les gens qui ont aimé le moment passé aux Ateliers à partager leur expérience. Idéalement, la promotion devrait être faite par ces ambassadeurs. Pour l’instant sa zone de chalandise se trouve dans un rayon de 30 minutes autour de son établissement. Cependant, il souhaite commencer à l’élargir en touchant des clients venant de plus loin. L’idée est de profiter de la boutique en ligne pour les convaincre de venir retirer leurs produits aux Ateliers, de les essayer sur place et potentiellement revenir pour profiter d’un évènement (exposition, activité,…).
Comme mentionné précédemment, pour démarrer son projet, Christophe a pu bénéficier de l’aide de la structure d’accompagnement à l’autocréation d’emploi, Challenge. Christophe répond également à des appels à projets pour obtenir des subsides. Pour le reste, tout s’est construit sur fonds propres. Sa politique comptable était d’être hyper réaliste, à savoir tabler sur la fourchette basse. Ayant débuté son activité fin 2020, cette décision prudente lui a permis de résister aux différents confinements que nous avons connus. Christophe a également profité de l’emprunt de relance mis en place par IDELUX et d’un geste de la part de son propriétaire.
L’entrepreneur ne manque pas d’ambition. Si les habitants de la province de Luxembourg font le déplacement jusqu’à Namur, Liège voire Bruxelles pour un spectacle, pourquoi ne se déplaceraient-ils pas à Neufchâteau, si la qualité est au rendez-vous de ses activités ? Pour ce faire, il compte sur sa boutique en ligne. Elle lui permettra d’être la clef qui lui ouvrira la porte des clients plus éloignés et de potentiellement convaincre ces clients de venir à ses spectacles et expositions. Dans le futur, si son projet marche correctement, il espère pouvoir multiplier le principe en ouvrant d’autres Ateliers Partagés dans la Grande Région. Cela lui permettrait de bénéficier d’économies d’échelle et de proposer une programmation extraterritoriale et ainsi faire rayonner la province de Luxembourg en dehors de nos frontières.
Interview de Gilles Defoy | ADL de Neufchâteau
Le conseil de Christophe aux futurs entrepreneurs hésitants
Avant de se lancer comme entrepreneur, assurez-vous que votre entourage soutiendra votre projet. Il faut qu’il comprenne la portée du projet et les efforts que cela va impliquer. Si vous n’avez pas le support de votre famille, il ne faut pas le faire car vous ne pourrez pas être à 100%. Comme la vie d’entrepreneur n’est pas faite que de réjouissances, vous devez impérativement avoir des proches qui vous soutiennent et vous remotivent dès que c’est nécessaire.
Raphaël et LeïlaPropriétaires du gîte « Berthe and Breakfast » À l’origine de ce lieu hors du commun, Raphaël et Leïla. Elle est originaire de la Roche-en-Ardenne. Après plusieurs années passées loin de la cité rochoise, elle décide de s’y réinstaller en compagnie de Raph, rochois d’adoption et passionné de musique. Son métier est d’ailleurs le reflet de sa passion, il est rigger (il installe, en hauteur, les équipements de son, lumière et vidéo pour les spectacles et concerts). Comme Leïla aime le raconter, le gîte « Berthe and Breakfast » est le fruit de différentes histoires d’amour, lesquelles ont permis de donner vie à ce lieu unique, à la fois hébergement touristique mais également lieu de rencontre et résidence artistique. |
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Berthe and Breakfast, un gîte… mais pas que !
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Quelle est votre source d’inspiration pour ce projet ?
À l’origine de « Berthe and Breakfast », il y avait surtout l’envie de permettre à une personne qui nous était chère, de vivre ses derniers instants à nos côtés. C’est pourquoi nous avons décidé de transformer le rez-de-chaussée de notre maison, située en plein centre-ville. Cependant, les circonstances de la vie en ayant décidé autrement, le décès survient malheureusement avant la fin des travaux. Ne souhaitant pas vivre au-dessus d’un lieu vide et sans animation, l’idée émerge alors de créer un gîte en plein centre-ville, avec une vue sur le château de la Roche.
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À quelles valeurs correspond la mise en place de votre activité ?
À travers notre activité, nous souhaitons transmettre nos convictions et redistribuer des ressources à notre communauté, notamment en mettant à disposition un lieu pour des artistes et artisans. L’essence de notre engagement réside dans une volonté de mettre en place des choses afin de faire vivre notre ville. C’est pourquoi, à côté de notre activité « classique » d’hébergement touristique, nous proposons également de mettre à disposition cet endroit pour des expositions, mais également pour permettre à des artistes en tout genre de se « mettre au vert » dans le cadre de leur processus créatif.
Outre l’accueil, ce qui fait la particularité de l’endroit, c’est sa déco ! Entièrement constituée d’éléments chinés ainsi que d’œuvres d’artistes et artisans locaux, les résidents du gîte qui souhaitent faire l’acquisition d’un élément de décoration peuvent en faire la demande et repartir avec leur coup de cœur à la fin de leur séjour.
Actuellement, nous planchons également sur un projet de livre qui nous permettra d’expliquer aux visiteurs notre histoire. Ce livre sera l’opportunité de présenter toutes les personnes qui font la richesse de notre ville. Nous y mettrons aussi en valeur les artisans qui ont réalisé les œuvres exposées dans le gîte, l’idée étant vraiment de promouvoir ce concept en tant que dépôt pour des artistes et artisans de la région.
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Quelles différences voulez-vous apporter par rapport à d’autres activités déjà en place sur le marché ?
Ce lieu, c’est vraiment une histoire de rencontres. Nous ne souhaitons pas forcément faire transparaître les spécificités de notre gîte via les sites de réservation en ligne, afin de garder une démarche authentique. L’idée est d’en faire un lieu secret pour faire découvrir notre ville et son terroir, en valorisant nos artisans et leur savoir-faire auprès de nos clients. Également, nous veillons particulièrement à ce que les gens se sentent « comme à la maison ». Ainsi, nous leur offrons une bouteille de bière brassée par une microbrasserie à leur arrivée, un pot de confiture fait maison… Nous envisageons également de proposer des échantillons de savon artisanal prochainement.
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À quel public vous adressez-vous ?
La plupart des réservations se font via Booking et Airbnb, il n’existe pas vraiment d’autres alternatives actuellement pour la location. Notre clientèle est essentiellement composée de familles avec enfants. L’accueil est vraiment primordial dans le cadre de notre démarche. On remarque d’ailleurs souvent que les premières conversations se font sur base de réflexions relatives à la décoration !
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Comment voyez-vous le futur de votre entreprise ?
Un gros projet qui nous occupe actuellement concerne les résidences artistiques. Ce projet vise à permettre à des gens issus de milieux urbains de se rassembler autour de leur projet et de faciliter leur processus de création. Ainsi, récemment, une compagnie de théâtre qui séjournait au gîte était en recherche d’un lieu pour leurs répétitions. Pour ce faire, nous avons mobilisé notre réseau et fait appel à la commune afin de les aider à trouver un lieu suffisamment spacieux pour leur permettre de répéter. De manière générale, nous souhaitons donc rendre cet endroit accessible à tout un chacun, qu’il s’agisse d’y organiser des rencontres thématiques, d’y organiser des ateliers en tout genre ou d’en faire une salle de réunion. Le but étant d’en faire un lieu à la disposition de la collectivité.
Interview de Manon Haid | ADL de Houffalize-La Roche en Ardenne
Le conseil de Raphaël et Leïla aux futurs entrepreneurs hésitants
Notre conseil serait de se laisser porter par son environnement et son terroir. Nous souhaitons vraiment mettre en avant les aspects liés à la promotion de notre territoire et de ses richesses en lieu et place d’un business au sens propre. Nous souhaitons d’ailleurs nous impliquer dans la création d’un réseau de partage de bonnes pratiques à travers la Wallonie, afin de valoriser une démarche d’accueil et de militantisme à travers la location de logements touristiques.
Maxime MalotauxAdministrateur de la Coopérative « Cœur de Village » Cœur de village est une coopérative citoyenne à finalité sociale qui regroupe plus de 260 coopérateurs issus du village ou de la région. La coopérative, située à Bellefontaine (commune de Tintigny), développe deux activités : d’une part, l'exploitation d'un commerce d’alimentation générale d’un genre nouveau. Son offre fait la part belle aux produits locaux, bio ou conventionnels, produits en vrac, ainsi que des articles de marque ou de premier prix. D’autre part, la gestion d'un centre d'affaires, qui comprend 5 cellules situées à l’étage du magasin. Ce centre permet la location d’espaces pour entreprises locales d’artisanat ou de services. L'objectif de cette activité est de faciliter l’accès à des locaux équipés aux entrepreneurs et porteurs de projets locaux en proposant des loyers attractifs. En tant que coordinateur de l’ADL Etalle-Habay-Tintigny, Maxime a pris part à cette belle aventure il y a quelques années déjà. Il vous présente comment ce magnifique projet a vu le jour et permis aux villageois de maintenir une supérette d’un genre tout à fait nouveau, tout en développant du lien social. |
Cœur de Village, ou comment redéployer du lien social et du développement en zone rurale
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D’où vous est venu l’idée ? Quel a été le déclic ? Comment s’est construit le projet ?
En 2016, le gérant de la supérette de Bellefontaine annonce sa volonté d’arrêter son activité. Saisie du dossier, l’Agence de Développement Local (ADL) des communes d’Etalle-Habay-Tintigny a multiplié les pistes pour assurer la reconversion de la surface commerciale. Dans le but de trouver un repreneur potentiel, l’ADL a lancé une grande enquête auprès des clients du magasin, mais aussi des habitants de la commune, pour connaitre leurs rêves, leurs souhaits pour le futur de la surface. L’enquête a été complétée par plus de 370 personnes dont 80% sont des clients réguliers du magasin. Elle a permis de réaliser plusieurs constats qui vont tous dans le même sens: les habitants ont pris conscience des désagréments qu’allaient entraîner la perte du commerce dans leur village ! Le résultat d’une question de l’enquête a plus particulièrement surpris: plus d’un tiers des répondants se sont dit intéressés à participer financièrement si un projet citoyen devait voir le jour. Deux réunions citoyennes ont été organisées pour présenter le modèle entrepreneurial coopératif et ainsi vérifier la volonté des Bellifontains de se mobiliser. À la suite de ces réunions, un « noyau dur » de citoyens s’est investi dans la construction du projet.
Riche de ces enseignements, le « noyau dur » a pu structurer le projet autour de deux axes distincts : d’une part le développement d’un commerce d’alimentation générale faisant la part belle aux productions locales, au bio et au vrac et d’autre part, le développement d’un petit centre d’affaires composé d’espaces à louer pour des entreprises locales de services. Vu l’ampleur des tâches à réaliser pour mettre la structure sur pied, le boulot a été réparti en différents groupes de travail dont la plupart sont toujours actifs aujourd’hui. Ce mode de fonctionnement a permis d’élargir le groupe, en invitant de nouvelles personnes prêtes à s’investir à rejoindre ces groupes de travail. La première concrétisation du projet est la création de la coopérative le 9 mars 2018.
Pour financer l’achat du bâtiment, il était nécessaire d’atteindre un montant minimum de parts levées et donc de trouver de nouveaux coopérateurs. En quelques mois seulement, la coopérative a atteint l’objectif financier de départ. Cœur de Village a pu rassembler suffisamment d’épargne des coopérateurs pour valider l’achat. Le 21 décembre 2018, la coopérative est enfin devenue propriétaire du bâtiment.
Ensuite, ce fut le moment de réaliser les aménagements dans le bâtiment. Les travaux ont été divisés en différentes phases afin de pouvoir ouvrir le plus rapidement possible l’épicerie. Organiser des travaux au sein d’une coopérative est également une histoire de mobilisation. Ainsi, de nouvelles personnes ont pu, grâce à leur bonne volonté et leurs compétences, contribuer au projet. Le magasin a pu ouvrir en mai 2019. Une seconde phase de travaux est prévue pour fin 2021 afin d’aménager le centre d’affaires.
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Quelles différences vouliez-vous apporter par rapport à ce qui existe déjà sur le marché et pourquoi ?
Notre entreprise est très différente de ce qui existe sur le marché. Premièrement, la gestion de la coopérative est assurée par un mix entre des coopérateurs bénévoles (+/- 80 personnes) et 4 salariés. Ce mode de gestion est très participatif et plutôt inédit dans la région.
En second lieu, au niveau de l’offre de l’épicerie, nous mélangeons les produits locaux, les produits en vrac et les produits traditionnels de la grande distribution. Il y a de quoi contenter tout le monde mais l’idée derrière est d’arriver à vendre des produits locaux à des personnes qui n’en achetaient pas avant. Ce sont ces produits que nous essayons de mettre le plus en avant. Pour nous, le réel enjeu du développement des produits locaux est de sortir du milieu des gens déjà convaincus pour toucher un public plus large et on essaye d’y contribuer à notre échelle.
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À quelle valeur d’être correspond ce business ? Quelles raisons d’être ?
Notre coopérative ne vise pas l’enrichissement de ses coopérateurs, ce qui est une grosse différence de valeur par rapport aux entreprises plus traditionnelles. Elle poursuit une finalité sociale et plus précisément, le développement local durable à travers la création de lien social en zone rurale, la création d’emplois durables, l’accès à une nourriture de qualité pour tous et la participation des citoyens.
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À quel public vous adressez-vous ? Quelle est votre cible actuelle (quel développement plus tard) ?
Pour l’épicerie, notre cible est très large, nous essayons de toucher tous les habitants dans un rayon de 10 km mais aussi les touristes, vu la présence de gîtes et de campings dans le secteur.
Concernant le centre d’affaires, notre cible sera les porteurs de projets et entrepreneurs locaux en essayant de privilégier les activités qui pourront renforcer les nôtres.
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Quel est votre axe de promotion, de communication ?
Nous avons développé différents outils de promotion : tout d’abord, une newsletter mensuelle pour informer nos coopérateurs. Ensuite, nous avons également une page Facebook qui est suivie par un peu plus de 1300 personnes. Nous avons également acheté une page promotionnelle dans le bulletin communal de Tintigny pour informer les clients de l’épicerie sur nos actions commerciales. Plus récemment, nous venons de finaliser notre site web.
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Quels investissements avez-vous choisi de faire ? Comment avez-vous cerné vos priorités ?
Comme évoqué précédemment, nous avons voulu « phaser » les travaux pour pouvoir ouvrir le magasin le plus rapidement possible après l’achat du bâtiment. Après 2 ans de lancement, nous sommes maintenant assez mûrs pour pouvoir passer à la seconde phase des travaux, qui concerne l’aménagement du centre d’affaires.
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Comment voyez-vous le futur de la coopérative à 5 ans ? Et plus tard ?
Nous souhaitons poursuivre notre développement sur les mêmes bases que ce que nous avons fait les deux premières années, tout en parvenant à maintenir le même niveau d’implication de nos coopérateurs dans la gestion de la coopérative. Avec la fin de la crise sanitaire qui nous occupe depuis plus d’un an, nous avons bon espoir d’y arriver.
Interview de Maxime Malotaux | ADL Etalle-Habay-Tintigny
Le conseil de Maxime aux futurs entrepreneurs hésitants
Il existe plusieurs modèles entrepreneuriaux et l’entreprise à finalité sociale est un modèle qui ne doit pas être mis de coté par les porteurs de projets. Lorsque l’on a un beau projet, même très ambitieux, il faut toujours se battre pour le mener à bien et il est souvent plus simple d’y parvenir lorsqu’il y a plusieurs personnes pour le porter.
Olivier Tarnus, Marc Hisette & André OdwaFondateurs de la Brasserie Gengoulf Originaires de la Province du Luxembourg et de la frontière française proche, c’est en se retrouvant aux événements organisés avec l’école de leurs enfants que sont nés une histoire d’amitié et un projet brassicole. Malgré (ou peut-être grâce à) des horizons professionnels divers allant du film d’animation, à l’informatique, en passant par la finance et avec comme atout majeur le savoir-faire d’un des 4 amis de l’époque, laborantin à la brasserie Orval, la création de la Gengoulf se dessine. Les compagnes respectives de nos amateurs zythologues orientent la création vers une bière qui doit plaire aussi aux femmes ! Le premier brassin d’une blonde voit donc le jour en 2010 et le succès, un peu inattendu, est au rendez-vous : la Gengoulf est née ! |
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Gengoulf, c’est avant tout une histoire d’amitié et de complémentarité !
C’est d’abord sous forme d’une ASBL que la brasserie est créée durant 6 mois avant de basculer en SCRL fin 2012 et c’est tout naturellement qu’ils décident d’installer la Brasserie Gengoulf et la société dans l’ancien dépôt de tram de Villers-devant-Orval, chez un des associés.
En 2013, la production à grande échelle commence réellement avec 3600 litres pendant presque un an : belle performance quand on sait que les 4 amis travaillent tous à temps plein en dehors de ce passe-temps ô combien sympathique mais chronophage ! Le créatif de l’équipe, André Odwa, décline le design des étiquettes et prend en charge le volet marketing construit autour de Gengoulf, saint patron (des cocus) du village. En 2016, l’équipe investit afin d’automatiser la mise en bouteille ainsi que l’encartonnage. Dans la foulée, Vincent quitte son poste de laborantin à la brasserie d’Orval et devient le brasseur officiel de Gengoulf afin de répondre aux nombreuses demandes. La même année, la Gengoulf aux cèpes, une création originale de l’équipe, remporte le prix d’Excellence au Concours International du Brussels Beer Challenge. La petite entreprise fait son chemin mais rencontre quelques soucis de constance, en termes de qualité de production, qui engendrent une série de difficultés financières et en 2019, Vincent, alors engagé comme brasseur, quitte l’aventure.
Un choix se pose alors : jeter l’éponge et fermer l’entreprise ou se réinventer en innovant.
Au risque de s’éparpiller, ce que ces entrepreneurs revendiquent d’une certaine manière, ils passent tous les aspects de l’entreprise en revue et n’hésitent pas à remettre en question leur modèle de départ. Ils innovent donc tous azimuts en :
- Revoyant le mode de production : ils sous-traitent temporairement une grande partie du brassage à Daniel Lessire de la brasserie voisine Millevertus, afin de pouvoir relancer le carnet de commande, assumer leurs obligations et stabiliser la qualité de leurs productions
- Revoyant les responsabilités et le champs d’action de chaque associé dans l’entreprise et en complétant leur formation grâce à l’échange d’expérience avec des brasseurs artisanaux de toute la Wallonie
- Ouvrant leur capital par la recherche d’un investisseur extérieur
- Cherchant de nouvelles propositions de valeur, afin de sortir de la dépendance monoproduit et du story-telling de départ basé sur la légende de Saint-Gengoulf
- Saisissant les opportunités de nouveaux marchés à l’international lorsqu’elles se présentent même pour des destinations exotiques (Chine, Brésil)
Par contre ce qui ne change pas, c’est l’amitié qui lie nos trois entrepreneurs, et la confiance que leur témoignent tous ceux qui croient en eux localement et bien au-delà.
Flower Power, une nouvelle proposition produit pour un nouvel élan
En faisant la connaissance d’une productrice de sirops bio de la région et, baigné du souvenir des fameux « Tango » et autres « Monaco » (bière + grenadine), germe l’idée d’y associer la Gengoulf. En partenariat avec la brasserie Millevertus, se créé alors une bière blonde BIO, compatible et cohérente avec la labélisation des sirops bio. A nouvelle production, nouveau slogan : « Gengoulf va vous en faire boire de toutes les couleurs ».
Comme ils ne font jamais les choses à moitié, pour lancer le concept et donner de la visibilité à cette nouvelle production, ils font l’acquisition d’un ancien petit camion Citroën type H de 1968 (style Louis La Brocante). Customisé sur le thème « Flower Power », il devient le Beer Truck qui assurera différents évènements de la région. Même si la crise du COVID-19 a fortement minimisé les événements, la « Titine » comme la surnomme André, a tout de même permis d’assurer quelques événements ponctuels de la région et redonner quelques éclats fleuris au creux le plus profond de cette morne période de crise sanitaire.
Les tumultes traversés par la Brasserie ces dernières années, les rebondissements et virages qui s’en sont suivis soulignent la capacité à se relever ainsi que l’innovation de cette entreprise. Tout ceci a soudé plus que jamais la forte amitié qui lie les 3 associés de l’entreprise. Forts de la reconnaissance au Concours International de Lyon où la Gengoulf Blonde a gagné la médaille d’argent en 2020 et l’or pour la Gengoulf aux cèpes en 2021, nos 3 compères reprennent avec beaucoup d’entrain la production entre leurs murs et sont prêts pour la sortie de la crise sanitaire.
« De cette période de confinement nous avons fait un moment de réflexion et de renouveau. Il en est ressorti l’envie de vous faire du bien, du bon … du bio ! »
Interview de Caroline Maqua | ADL de Florenville
Le conseil l’équipe Gengoulf aux futurs entrepreneurs hésitants
Un peu comme en amour. Si vous sentez en vous cette passion, cette conviction, cette petite flamme... C'est qu'il y a encore tout à construire ou à reconstruire !
Laetitia RobillardCréatrice du concept « Les Ateliers Gerny » Famennoise profondément enracinée dans sa région, Laetitia a toujours baigné dans le monde de l’art et de l’artisanat. Son parcours professionnel est très vaste. Elle a une licence en Arts plastiques (option scénographie) et une formation en Éducation relative à l’environnement à Liège. Elle a travaillé notamment à l’Opéra de Bruxelles (La Monnaie) comme accessoiriste et a été animatrice en arts plastiques pour enfants (au sein de différents CEC – Centre d’Expression et de Créativité), en Maison de jeunes et pour adultes à travers diverses formations. Elle a ensuite lancé une activité d’indépendante complémentaire pour l’organisation d’événements et de stages. Elle proposait aussi de la décoration et scénographie événementielles. Après 7 ans au CRIE du Fourneau Saint Michel comme formatrice en ERE (Education Relative à l’Environnement), elle décide de se lancer dans LA grande aventure de l’entreprenariat. |
Les Ateliers Gerny, un coworking destiné aux rencontres créatives
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D’où vous est venue l’idée ? Quelle a été votre source d’inspiration ?
Disons que c’est suite à un parcours de vie et un lien avec un lieu. Il y a 9 ans, j’ai, avec mon compagnon qui est tailleur de pierres, acheté une maison sur les hauteurs de Humain.
Nous avions déjà organisé des concerts, des formations de techniques artisanales comme la sculpture, la vannerie, le travail du bois. L’idée a alors germé de faire de ce lieu un lieu qui nous ressemble. Un lieu convivial où les artistes plasticiens et les artisans pourraient se rencontrer, partager, découvrir et réseauter.
J’avais déjà organisé plusieurs marchés de créateurs, et je me suis rendue compte que les talents étaient trop peu valorisés et trop peu visibles. Que l’isolement des créateurs les démotivaient, et entrainaient une baisse de productivité. Ce sont souvent des métiers ou des passions qui nécessitent des locaux adaptés. Et vu le super lieu que j’avais, pourquoi ne pas le mettre à disposition des créateurs, et en faire une sorte de lieu de coworking et d’échange pour les artistes et artisans.
Nous avons donc réaménagé l’espace en fonction des besoins de ces personnes. J’ai 2 ateliers à louer à +/- long terme, une salle polyvalente à louer à la journée ou sur une plus longue période, et des espaces extérieurs de travail. L’un des ateliers est actuellement loué par une maroquinière, qui en a fait à la fois son atelier mais aussi une petite boutique éphémère, qu’elle ouvre lors des événements que nous organisons toutes les 2 semaines. Ce sont des concerts, balades, ateliers, projections de films,…
Il y a aussi un gîte pour 4 personnes. Au départ, l’endroit était prévu comme une résidence pour les créateurs. Cette formule est d’ailleurs toujours possible et les demandes commencent à rentrer. Mais en attendant, j’ai élargi la proposition et créé un gîte touristique. Je voulais attirer les touristes en les sensibilisant à l’écotourisme, au tourisme raisonné, et créer un lien avec les acteurs locaux. Le tout avec un accueil soigné et chaleureux.
Nous avons aussi créé un micro-camping en pleine nature qui marche super bien. Et dernièrement, nous avons aménagé une petite terrasse que nous ouvrons lors de nos événements où nous proposons notamment des bières locales.
Il y a un lien entre tout. Un exemple : deux copines viennent ce week-end. La terrasse et la boutique sont ouvertes et nous proposons un échange de plantes : elles peuvent découvrir une bière locale, se promener dans la région, visiter la boutique de Charlotte,…
Je voudrais encore proposer des formations participatives ouvertes aussi bien aux voyageurs qu’aux locaux : balades plantes sauvages comestibles avec un atelier cuisine, un atelier d’impression végétale, de la vannerie sauvage, des géobalades,…
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Quelles différences vouliez-vous apporter par rapport à ce qui existe déjà sur le marché et pourquoi ?
Il n’y a pas vraiment de lieu identique. En ville, il y a des espaces partagés pour créateurs mais pour moi, le projet se construit grâce aux ressources environnantes, aux rencontres qui émergent et à ce que le lieu inspire.
C’est un lieu partagé, convivial, d’échange, où la sensibilisation à l’environnement est au cœur de tout. Pas que l’environnement naturel, mais tout ce qui nous entoure d’autant que les liens sociaux sont en déclin dans le milieu rural…
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Quel est votre axe de promotion, de communication ?
Ma communication se fait surtout sur les réseaux sociaux, via notre page Facebook, et sur les plateformes de location pour le gîte. Je fais aussi des mailings et le bouche à oreilles se met en place, grâce aussi à mes partenariats.
Je suis toujours ouverte à de nouveaux projets, idées ou partenariats… Les idées partent souvent comme ça, en se rencontrant, en discutant.
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Quelles aides avez-vous eues pour lancer le concept ?
Je suis actuellement en couveuse chez Créajob. Leurs formations m’ont fourni d’excellents outils pour la construction du projet. Et le suivi avec mon super coach Christopher est rassurant.
Mon entourage m’a beaucoup aidé et je veux les en remercier. Mon compagnon pour sa main d’œuvre et ses encouragements. Mon fils pour sa patience et son positivisme. Et mes amis pour leur enthousiasme. J’ai la chance d’avoir un grand réseau social qui m’apporte beaucoup.
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Quels investissements avez-vous choisi de faire ? Comment avez-vous cerné vos priorités ?
Des travaux d’aménagement du lieu surtout, mais aussi de grands investissement personnels. Les priorités se sont posées en fonction de la situation Covid-19. Logiquement, c’était d’abord et surtout l’atelier qui était prioritaire, mais vu la situation que nous avons vécu, j’ai mis l’accent sur le gîte.
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Comment voyez-vous le futur de votre entreprise à 5 ans ? Et plus tard ?
Un lieu de référence pour les locaux et les voyageurs. Un endroit où il fait bon de s’arrêter pour prendre le temps, créer, s’amuser, faire de belles rencontres,…
Ce projet est un mix de mes compétences, de mes envies, de mes valeurs, de ce que j’ai envie de partager, de mes rêves… Le projet s’est construit petit à petit et évoluera toujours.
Interview de Sandrine Vanden Eynden | ADL de Marche-en-Famenne
Le conseil de Laetitia aux futurs entrepreneurs hésitants
Foncez ! Réalisez vos rêves. Soyez créatifs. Et surtout, croyez en vous si c’est vraiment une passion que vous voulez développer…
Leslie LeroyCréatrice de « Ohlala, c’est bon » Il y a une dizaine d’années, Leslie Leroy emménage avec son mari dans la région d’Arlon. Formée en diététique, elle se met à la recherche d’un emploi. Après quelques temps, alors que sa recherche dans ce domaine n’aboutit pas, elle propose ses services comme gardienne d’enfants, après l’école. Sept années passent et, après avoir elle-même eu ses propres enfants, ses priorités changent : elle décide de se reconvertir professionnellement. Pour pouvoir s’occuper de ses petites têtes blondes autant que possible, l’idéal serait de pouvoir trouver un métier à pratiquer durant les heures d’école… Passionnée de cuisine, c’est une vrai « maman gâteau » pour ses enfants et ses proches. Pourquoi acheter ce que l’on peut faire soi-même ? Qui plus est, avec des produits et des ingrédients que l’on peut choisir avec soin ? Chez elle, tout (ou presque !) est « fait maison ». Son papa, boulanger-pâtissier, lui a transmis la passion des gâteaux et des biscuits… mais pas que ! La recette du futur biscuit « Ohlala » a été directement puisée à la source et inspirée d’une recette paternelle. La voilà LA bonne idée ! Il ne reste « plus qu’à » la concrétiser.
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Une biscuiterie artisanale « at home » qui a le vent en poupe
Le lancement de son activité ne va cependant pas pouvoir se réaliser du jour au lendemain. Après avoir fait quelques recherches et constaté qu’un diplôme dans le domaine est nécessaire pour accéder à la profession, Leslie va entreprendre un jury central pour obtenir son diplôme de pâtisserie-boulangerie. C’est la voie la plus rapide pour y parvenir. La formation officielle et plus traditionnelle prend normalement 3 ans : impossible pour Leslie d’attendre aussi longtemps et de faire des cours du soir qui empièteront sur sa vie de famille.
Grâce à sa volonté sans faille, un travail assidu et l’aide précieuse d’une coach en pâtisserie-boulangerie (cours à distance), elle va passer devant le jury central à Namur après 3 mois. Son diplôme en poche, l’activité peut donc être lancée dès janvier 2020, seulement 6 mois après avoir eu l’idée de ce business.
Avant ce lancement officiel, Leslie avait participé à un atelier à la Chambre de Commerce et d’Industrie du Luxembourg belge (CCILB) afin de créer son business model. Bien consciente que l’on ne s’improvise pas indépendante du jour au lendemain, elle avait déjà pris le temps de bien réfléchir à sa future petite entreprise, en veillant à « sortir des sentiers battus ».
Leslie a bien réfléchi : pour réduire le montant de son investissement et combiner parfaitement vie de famille et vie professionnelle, l’idéal serait de travailler… de chez elle. Cela tombe bien, la construction de la maison familiale est prévue, pourquoi ne pas y aménager directement une pièce pour faire la pâtisserie ? Après avoir listé les besoins que requiert l’atelier (cfr : règles de l’AFSCA) et réfléchi à l’organisation la plus optimale pour son business, il est décidé de créer une pièce de 11 m2, attenante à sa cuisine, et entièrement dédiée à la confection des gâteaux et biscuits. Ainsi, Leslie pourra travailler à la maison pendant les heures d’école et s’occuper de ses enfants le reste du temps.
À côté des dépenses liées directement au matériel professionnel (four, frigo, plan de travail, robot, etc.), la jeune pâtissière a décidé d’accorder une grosse part de son investissement à son image : elle a fait appel à une agence de publicité professionnelle pour créer le logo, le nom et l’image de sa biscuiterie. Même si le budget accordé à son image est important, elle ne regrette aucunement son choix car c’est, selon elle, ce qui a fait la différence et rendu son business crédible (au-delà de la qualité de ses biscuits !).
Leslie a fait le choix de n’avoir qu’une page Facebook pour promouvoir sa biscuiterie. Pas de site internet. Pas de logiciel pour commander directement en ligne (type Take Away). Seules les commandes passées sur le réseau social (via Messenger et commentaires) ou par téléphone sont prises en compte. Ce système lui permet de gérer le flux de commandes et d’avoir toujours une vue claire sur la possibilité, ou non, de répondre à telle ou telle demande supplémentaire. Cela lui permet aussi d’avoir des contacts et retours directement de sa clientèle. Elle travaille uniquement sur commande et les clients viennent chercher eux-mêmes leurs achats à son domicile. De cette manière, elle peut gérer ses matières premières et sa production de manière optimale, en limitant au maximum ses déchets ou invendus.
Comme le réseau social Facebook est son seul canal de communication, elle veille tout particulièrement à y soigner ses publications, tant au niveau des images que du texte. La gestion professionnelle et l’attention particulière qu’elle accorde à sa communication donne de la crédibilité à son business. Elle publie régulièrement des posts (plusieurs fois par semaine, selon les périodes) et répond dans les meilleurs délais aux différentes demandes.
De nature très écoresponsable, Leslie essaie également de sensibiliser ses clients au « zéro déchet », notamment en les encourageant à venir directement avec leurs propres contenants (en verre ou autres).
Évidemment, à côté de tous les aspects liés à son business model, le cœur de métier de Leslie reste la confection de ses biscuits et gâteaux. Et pour surprendre sa clientèle, elle cherche toujours à innover et trouver des concepts créatifs pour ses pics d’activités : la Saint-Nicolas, la Saint-Valentin, Pâques, la fête des pères et des mères, etc. Elle cherche à proposer des choses différentes, à chaque fois. Elle a d’ailleurs investi dans une imprimante 3D pour proposer de la personnalisation dans ses biscuits, et cela fonctionne plutôt bien ! Mais la pâtissière ne compte pas dormir sur ses lauriers ; elle sait que pour garder et diversifier sa clientèle, il faut sans cesse se réinventer.
Après une année entière de fonctionnement, Leslie est plus que ravie. Son chiffre d’affaires a largement dépassé ses objectifs. Elle compte dans son portefeuille de clients des particuliers, des entreprises mais aussi des épiceries locales (le Marché de Julien à Marbehan, Chez Paulette à Léglise ou encore le Marché des Saveurs à Aubange). Ces dernières, qui proposent des produits « en vrac », sont d’ailleurs même venues à elle, sans qu’elle ait besoin de les démarcher.
Son prochain objectif ? Trouver son rythme de croisière. À ce jour, elle ne souhaite pas engager de personnel, notamment à cause des charges sociales et du taux d’imposition élevé en Belgique (bénéfice > 10 000€ = 25% de taxation). Ce qui constitue, de manière générale, un réel frein pour les indépendants qui souhaitent étendre ou diversifier leurs activités.
Interview de Christelle Gillet et Christelle Lazuckiewiez | Luxembourg Creative
Le conseil de Leslie aux futurs entrepreneurs hésitants
Osez vous lancer ! Ayez foi en votre produit et ne laissez personne (ni votre entourage, ni des inconnus) vous décourager. Préparez votre business plan avec attention et veillez à sortir des sentiers battus. Pour terminer, n’hésitez pas à investir du budget en communication et en publicité car sans cela, même si votre produit est le meilleur, il risque de ne pas atteindre vos consommateurs, ce qui est essentiel pour que votre business dure et perdure.