Failed stories : plus tu rates, moins tu rates !
Résumé
Conférence de lancement Luxembourg Créative: 17/09/2018: Plus tu rates, moins tu rates
Alexandre Godart, conseiller « Entreprises en rebond » au sein de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Luxembourg belge, a commencé par nous présenter le service offert par la Chambre lorsqu’un entrepreneur qui se remet en question s’adresse à eux.
Ce service existe depuis 2013 et traite toutes sortes de problèmes : qu’il s’agisse d’un burnout, d’un litige, d’un problème d’ordre fiscal… Mais il a constaté que, souvent, les entrepreneurs consultent la Chambre lorsqu’il est déjà trop tard.
Pour cette raison, la Chambre a mis sur pied un questionnaire permettant aux entrepreneurs et indépendants de voir d’éventuels signaux d’alerte. A la fin de ce questionnaire, ils ont le choix de laisser leurs coordonnées pour être recontactés, ou de recontacter eux-mêmes la Chambre.
Le conseiller de la Chambre établit avec l’indépendant un diagnostic, et se renseigne auprès d’avocats ou d’experts comptables sur les démarches à lancer, et met en œuvre avec eux les premières démarches.
Didier Bernard, avocat au barreau du Luxembourg et coordinateur juridique du projet, nous explique le soutien d’un avocat, lorsqu’il est consulté par les conseillers de la CCILB.
Son intervention est gratuite (financée par la Région Wallonne à un tarif relativement bas) et permet à une structure déjà en difficulté de ne pas dépenser plus pour un premier avis ou une première action juridique à prendre.
L’avocat consulté se rend à la Chambre de Commerce pour rencontrer les entrepreneurs en difficulté avec le conseiller qui l’a sollicité, et lance les premières démarches : il peut s’agir de l’introduction d’une procédure, car c’est difficile de constater un échec mais encore plus difficile de faire un aveu de faillite, comme d’un avis, ou de représenter l’entrepreneur dans une conciliation, de l’assister lors d’une médiation…
Après cet accompagnement, l’entrepreneur en difficulté a un droit de suite ; il peut choisir ou non de continuer à travailler avec l’avocat.
Fred Colantonio, auteur du livre « Rebondir sur l’échec » et criminologue de formation, nous a présenté ensuite les modèles comportementaux activés dans les situations d’échecs, et comment les désamorcer pour rebondir.
Comment adopter des parcours de réussite et se dire que tout ne marche pas du premier coup ?
La Belgique évolue bien dans la perception de l’échec, pour que des individus gardent la volonté d’entreprendre, mais les interventions proposées sont principalement techniques, et on ne s’attarde pas assez sur le facteur humain.
La façon de ressentir un échec et ses conséquences sur le reste de notre vie est différente pour chacun. Il y a toujours un élément objectif, dans lequel tout le monde peut se reconnaître, mais tout le reste est subjectif. Il faut donc toujours respecter le sentiment d’échec d’une personne, et avoir à l’esprit que cela peut entrainer toutes sortes de phobies, et conditionner la trajectoire de la personne en échec. L’échec devient alors un piège de notre cerveau, et entraine toutes sortes de biais cognitifs : la pensée de groupe, qui nous incite à prendre à plusieurs des décisions que nous n’aurions jamais prises seul, l’auto-complaisance : « si je réussis c’est parce que je suis le meilleur, si je rate, c’est à cause des autres » …
Mais au fond, pourquoi dans l’adversité certains se révèlent et d’autres s’écrasent ?
Aux USA par exemple, le processus de rebond fait partie de la culture, mais chez nous pas toujours, et l’Ecole est une des causes à cela… Mais tous les échecs ne nous tuent pas, nous pouvons même rire de certains, d’autres ont mené à l’innovation, comme cet athlète qui était limité en saut à la perche, et a décidé de se retourner lors du saut, brisant son record et instaurant une nouvelle façon de sauter.
Il y a néanmoins une spirale négative qui peut se mettre en place : la remise en question qui finit par bloquer et empêche d’avancer, l’isolation qui nous fait revoir notre vision du monde et nos attentes à la baisse, le manque de ressources, la fuite qui nous fait fermer de plus en plus de portes parce qu’on a essayé et cela n’a pas marché, le fait de se dire que si notre produit n’a pas marché, c’est parce que les les gens ne l’ont pas compris, la peur de se remettre en selle et d’échouer à nouveau, les excuses pour ne pas agir.
Ce « system failure » est humain !
Mais on ne retrouve pas ces éléments de spirale négative durablement chez les gens qui innovent ; il y a d’ailleurs de nombreuses citations de personnes célèbres à ce sujets, l’échec est un élément d’apprentissage.
Il existe trois ressorts importants pour rebondir :
- Accepter notre capacité de résilience : tant qu’on peut se relever, on peut continuer.
- Optimiser nos ressources, voir ce qu’on peut encore faire, quitte à le faire ailleurs
- Rester entouré, pour partager avec nos proches les futures et nouvelles réussites.
La phrase de fin de Fred Colantonio : puisqu’on récolte ce qu’on sème, on a intérêt à se planter.
Nous sommes ensuite passés au témoignage de Stéphanie Fellen, co-fondatrice de la marque Made & More et consultante certifiée en économie circulaire, qui nous a expliqué comment elle a rebondi après son premier échec, vécu à 31 ans.
Il y a 4 ans, Stéphanie décide de démissionner et de lancer son entreprise Made and more, qui correspond à sa vision du monde économique : la vente en ligne de vêtements durables.
Elle a des clients dès le premier jour et organise une levée de fonds et un crowdfunding. En 2016, elle lance une deuxième levée de fonds pour ouvrir des points de vente, d’abord sous forme de pop-up stores. Pourtant, en novembre 2017, elle passe du jour au lendemain d’un énorme succès au dépôt de bilan.Sans emploi, elle s’inscrit à l’ONEM et déprime durant plusieurs mois... mais finit par rebondir!
Ce rebond a été pour elle un mélange de passion et d’action: en prenant du recul, elle s’est rendu compte que les derniers mois avant le dépot de bilan, elle avait perdu sa passion pour ce qu’elle faisait, et oublié pourquoi elle fonctionnait.
Après la faillite, elle a donc recommencé à faire de toutes petites choses d’abord, retrouver le gout de s’assoir en terrasse pour manger un croissant par exemple, ou boire un verre avec un ami, et petit-à-petit, cela l’a amenée à se réinteresser à sa passion et à relancer des actions.
Grâce à un ex associé et nouvel associé dynamique, elle a racheté la marque, le stock, et relancé l’activité. Ensemble ils ont retrouvé le succès de leurs débuts.
Sa conclusion, en retrospective, est qu’il faut prendre une action; soit on va plus loin, soit on va plus haut, mais on ne reste pas au même point.
Annonce
Qu’est-ce qui permet à certains de se remettre en selle alors que d’autres restent à terre ? Où puiser la force d’adopter une attitude constructive dans les mauvaises passes ? Comment surmonter les échecs et nous relever de nos déconvenues ? Ce sont des questions auxquelles notre orateur donnera quelques pistes de réponses au cours de son intervention.
A l’occasion de cette conférence qui lance notre cinquième saison, vous pourrez aussi découvrir les témoignages sur le sujet d’Alexandre Godart, conseiller « Entreprises en rebond » au sein de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Luxembourg belge, et de Didier Bernard, avocat au barreau du Luxembourg et coordinateur juridique du projet.
Ils vous parleront de leur travail quotidien d’accompagnement des entreprises dans leur phase de rebond.
Deux d’entre elles seront présentes pour nous livrer leur expérience de terrain : Lydie Claire, de la société Thalia Consult, et Stéphanie Fellen, co-fondatrice de la marque Made & More et consultante certifiée en économie circulaire. Les présentations se clôtureront par un cocktail de networking.
Cet événement est organisé en partenariat avec la Chambre de commerce et d'industrie du Luxembourg belge.